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La littérature yaoi
22 avril 2010

Sex Drugs & Rock 'n Roll

Cette fiction raconte l'histoire de Sven, 30 ans, qui passe son temps à se shooter à la codéine, à jouer de la guitare et à se faire baiser. Il pense que personne ne l'aime, sans même remarquer ce qui l'entoure et sans voir que Harry est là.

 

Acheter Sex Drugs & Rock \'n Roll - Tome 1

Voilà le premier chapitre :


Chapitre 01


-Sven, on commence dans quinze minutes.
J'ouvre les yeux. Je suis allongé sur le canapé de cuir rouge, dans ma loge, et j'ai dû m'assoupir car je n'ai même pas entendu la porte s'ouvrir. Harry, le batteur de notre groupe, me fait face accroupi devant moi, une main posée sur mon épaule. Ses grands yeux noirs sont inquiets.
-Ça va ? demande-t-il.
Je repousse sa main.
-Ça va, je réponds en m'asseyant dans le canapé. J'arrive dans cinq minutes.
Il se relève et quitte ma loge en poussant un petit soupir que j'ignore. Pas étonnant que je sois somnolant. Graham, notre manager, vient encore de me passer dessus. Il aime bien me prendre avant nos concerts. Il dit que j'ai les yeux plus brillants après avoir joui et ça plaît davantage aux petites pisseuses qui sont mes fans.
Je remplis un verre d'eau dans lequel je fais tomber deux comprimés effervescents à la codéine.
J'ai découvert ces médicaments suite à une chute dans les escaliers, il y a environ un an. Je n'ai rien eu de cassé ce jour-là, mais une douleur à l'épaule m'empêchait de jouer de la guitare, ma précieuse guitare. Mon médecin m'a prescrit ces médicaments. Un à la fois et pas plus de trois par jour. Au début, ça me donnait la nausée. Ensuite, ça a commencé à me faire planer. Depuis, j'en prends régulièrement, par deux et environ quatre fois par jour, parfois plus. Pour calmer ma douleur à l'âme. Pour me faire croire que cette vie de merde vaut la peine d'être vécue. Pour mettre un peu de couleurs dans mon monde en noir et blanc.

En attendant que mon bonheur artificiel soit dissout dans le verre, je me déshabille. Mon boxer est propre. Pour une fois, Graham a pris le temps de mettre un préservatif. Alors je passe mes vêtements de scène, un pantalon de cuir noir moulant, une chemise noire transparente et des bottes de cuir noir. Je jette un œil à mon reflet. Mes cheveux noirs aux mèches rouges, violettes et bleues sont en désordre, comme d'habitude. Mes yeux bleus ne sont pas trop cernés, il faut croire que ma micro-sieste m'a été bénéfique. Mon oreille droite est ornée de dix anneaux argentés qui en font le tour. La gauche, elle n'a qu'un petit anneau au cartilage relié par une chainette à un clou dans le lobe. Une chaîne en argent à laquelle est suspendue une croix bouge autour de mon cou à chacun de mes mouvements.
Je fais beaucoup plus jeune que mes trente ans. Je ne suis pas très grand, mon corps est fin, mon visage juvénile. Graham dit toujours que j'ai une gueule d'ange et que c'est grâce à cette gueule que nous vendons nos CD et que nos salles de concerts sont pleines. En effet, mon physique fait plus jeune que mon âge. Mes yeux, par contre... Un jour, Harry m'a dit qu'ils étaient hantés, comme s'ils en avaient trop vu, comme si j'avais vécu depuis la nuit des temps et que cette vie me paraissait décidément trop longue. Je n'ai pas voulu lui dire qu'il avait raison.
Je me détourne du miroir et me dirige vers la petite table basse devant le canapé, où m'attend mon verre. Les deux pastilles ont fondu. Je bois le liquide, grimaçant sous le coup du goût amer. Je repose le verre et je quitte ma loge. Je longe un couloir, croisant des assistants, des éclaireurs et divers techniciens en pleine effervescence. Une fois arrivé à l'arrière de la scène, Graham me tend ma guitare. Je le fixe droit dans ses yeux marron et un sourire mauvais nait sur son visage. Il repense sans doute à ce qui s'est passé dans ma loge il y a moins d'une demi-heure. Qu'il y pense si ça lui chante. Pour ma part, ce n'est qu'une fois parmi tant d'autres. J'ai été abandonné à la naissance. J'ai passé ma vie à naviguer de familles d'accueil en familles d'accueil, plus intéressées par le chèque de la DDASS que par mon bien-être.
Depuis ma naissance, personne ne m'a jamais aimé. Et finalement, ça ne m'importe pas plus que ça. Je préfère l'amour à court terme, sans aucune demande, sans illusions trompeuses, sans déception.

Je passe la courroie de ma guitare autour de mon cou. Cette guitare, c'est une guitare électrique que j'utilise pour les concerts. Chez moi, j'en ai une autre. Elle a treize ans. Elle est magnifique. Et elle compte plus que tout pour moi. C'est un cadeau de Harry. Peut-être que cet imbécile fait des cadeaux à tous ses amants, je l'ignore. Il y a treize ans, j'ai essayé de mourir. J'ai échoué. Il n'y a rien de plus horrible que de se réveiller à l'hôpital et de se dire qu'on est tellement bon à rien qu'on n'est même pas capable de mettre un terme à sa propre vie. Lorsque je suis sorti, peu après mon réveil, Harry m'attendait. Il m'a offert cette guitare. Pour donner un sens à ma vie.
Depuis, je joue de la guitare et je chante. Je n'aime pas spécialement ça mais il faut bien gagner sa vie. Et puis comme ça, Harry croit qu'il a réussi. Il ne sait pas que vivre me fait chier. Néanmoins, je lui ai promis de ne plus recommencer. Alors quand j'ai envie de mourir, je me fais sauter. Je ne jouis pas systématiquement mais j'attends, les cuisses écartées et je me dis que je suis au moins un peu utile. Et que je suis aimé, au moins à ce moment-là. Quand me faire baiser ne fonctionne pas, hé bien... il reste toujours la codéine...

Je capte le regard noir de Harry. Il est déjà sur scène, assis derrière sa batterie. Ses baguettes en mains, il attend mon signal. Gwenn et John, respectivement au synthétiseur et à la basse, sont prêts eux aussi. Ils sont des membres rapportés par Graham il y a cinq ans, contrairement au batteur que je connais depuis le lycée. Ils ne font ça que pour le boulot et nous ne nous voyons pas en dehors des concerts, répétitions et autres enregistrements. Tant mieux, je n'aime pas voir du monde, je ne suis pas sociable de toute manière.
Gwenn est un grand roux aux yeux verts. Son visage est parsemé de taches de rousseurs. Il est sympa, ouvert et assez enclin à la plaisanterie. Il est de caractère très facile et il a un don pour arrondir les angles.
John, par contre, ne parle pas et je ne sais absolument rien de lui. S'il chantait pas dans quelques morceaux, j'aurais pu penser qu'il était muet. Sauf quand il n'est pas d'accord. Ce type a vraiment un caractère spécial. Nous nous prenons souvent la tête. Dans ces cas-là, Harry essaye de me raisonner et Gwenn fait de même avec John. Les cheveux du bassiste sont teints en blanc et il porte toujours des lentilles rouges. De ce fait, je ne sais pas à quoi il ressemble au naturel mais finalement, je m'en fous. Il est presque aussi petit que moi et avec son caractère, il me fait penser à un roquet albinos qui passe son temps à aboyer.

Je fais un signe de tête à Harry. Il me répond par un clin d'œil et entrechoque ses baguettes entre elles en lançant :
-Un, deux! Un, deux, trois, quatre!
Nous nous mettons à jouer tous les quatre et les petites pisseuses en furie commencent à hurler en me voyant arriver sur scène. Ébloui par les projecteurs, je ne les vois pas. En revanche, j'entends les cris de ce troupeau de vaches laitières que je nourris de musique et de sourires et à qui je trais l'argent.
Mes sourires ne sont que factices mais ça leur suffit, à ces gamines qui prétendent m'aimer alors qu'elles ne savent rien de moi. Tout ce qu'elles veulent, c'est me voir leur sourire et me mater. Elles aiment voir mon cul moulé dans ce pantalon en cuir, elles aiment voir ma poitrine à travers cette chemise transparente. Hé bien allez-y, regardez tant que vous le pouvez, vous avez payé assez cher, après tout.

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